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« Être la voix de celles et ceux avec lesquels nous construisons les résistances et les luttes au quotidien »
Il
faut repartir de cet été difficile marqué par les attentats terroristes
qui suscitent en nous touTEs, tristesse, peur, colère et
incompréhension. Mais aussi émotion et solidarité pour toutes les
victimes de ces attentats, de Nice et Saint-Étienne-du-Rouvray bien sûr,
mais aussi d’Irak, de Syrie, de Turquie ou d’Afghanistan.
Combattre le déferlement réactionnaire et sécuritaire
Il
faut dénoncer l’exploitation que font des attentats les politiciens de
gauche, de droite et d’extrême droite, avec ce déferlement de
surenchères sécuritaires dans lequel se lancent tous leurs candidatEs
qui se rêvent en chefs de guerre. Et les mesures se sont multipliées :
renforcement des interventions militaires extérieures, prolongation et
aggravation de l’état d’urgence, développement de la réserve nationale,
qui toutes renforcent la militarisation de la société et les capacités
de répression de l’État. Des déclarations aussi, associant étrangers,
immigrés, et menaces terroristes, avec des propositions comme
l’enfermement des étrangers ou l’interdiction du burkini qui s’adressent
aux préjugés anti-immigrés et cultivent la bêtise réactionnaire.
Nos
réponses au phénomène complexe du terrorisme sont à l’inverse. D’abord
dénoncer et combattre les politiques impérialistes en exigeant l’arrêt
des bombardements français, l’arrêt du soutien aux dictatures et régimes
oppresseurs alliés des « démocraties », l’arrêt des ventes d’armes à
l’Égypte, à l’Arabie saoudite, au Qatar… Ensuite combattre les
discriminations, les inégalités, le chômage et la misère, les violences
policières par un programme d’urgence sociale. Et dénoncer les discours
sécuritaires du gouvernement qui vise à reprendre la main en faisant
oublier toute la séquence des mobilisations sociales.
Le réveil de notre camp social
Car
il y a bien eu un mouvement social, profond : quatre mois de manifs, de
grèves, d’AG, de rencontres militantes, de convergences, et aussi de
confrontations avec nos adversaires. C’est le réveil d’un camp social
qui relève la tête et redécouvre le plaisir et la force de la
contestation de l’oppression patronale et de tous les aspects de la
politique gouvernementale.
Ce mouvement a provoqué la réaction du camp d’en face, des possédants et de leurs relais médiatiques et politiques.
« Casseurs »,
« preneurs d’otages »,
« terroristes »,
« voyous »…
De Macron à Gattaz, cela a été un florilège exprimant la haine de
classe, mais aussi la peur de ceux qui ne supportent pas quand les
exploitéEs relèvent la tête, pensent et parlent leur propre voix. Et ça,
c’était notre victoire, même si la loi a été votée. Car c’est sur la
base de ce que l’on a vécu pendant ces quatre mois que l’on compte
s’appuyer pour relancer la mobilisation après la violence et le désarroi
de l’été.
Autour du 15 septembre et des autres dates, il s’agit
de construire le mouvement pour l’abrogation de la loi travail mais
aussi de repasser à l’offensive, de régler les comptes avec ce
gouvernement et ses attaques en unifiant nos luttes autour d’un
programme : augmentation des salaires et partage du temps de travail ;
travailler moins pour travailler touTEs, ce qui veut dire réduction du
temps de travail hebdomadaire, de la durée de cotisation pour toucher sa
pension de retraite. Pour cela, il faut une autre répartition des
richesses qui ne pourra être imposée que par l’expropriation de secteurs
entiers de l’économie, à commencer par les banques, l’énergie et les
transports. Il faut les mettre hors de la logique du privé sous le
contrôle des salariéEs et des usagerEs. Car l’objectif, c’est de mettre
l’économie au service des besoins de la population et pas la population
au service de l’économie, en développant les services publics de santé,
de l’école, du logement, seule manière d’en finir avec la misère. On
nous dira que c’est une utopie ? Il y a 80 ans, en 1936, les 40 heures,
les congés payés, les conventions collectives, c’était de l’utopie,
d’après les possédants et mêmes d’après les dirigeants du Front
populaire. Mais il y a eu une grève générale qui les a imposé !
Pour
passer à l’offensive, nous avons besoin d’unifier notre camp, en
combattant les préjugés réactionnaires, racistes, sexistes, homophobes,
qui nous divisent. Nous défendons l’égalité des droits pour touTEs, ce
qui veut dire en urgence la régularisation de touTEs les sans-papiers,
l’ouverture des frontières et la liberté de circulation et
d’installation. Une solidarité internationale à l’opposé de la politique
de l’Union européenne qui dresse des murs pour mieux exploiter les
populations de part et d’autres. Nous défendons une Europe solidaire des
travaillleurEs et des peuples.
Candidat au pouvoir de toutes et tous
C’est
ce que nous voulons porter dans notre campagne. À ceux qui nous disent
qu’il y a beaucoup de candidatEs à gauche, nous répondons que nous
sommes légitimes. Car nous voulons être la voix de celles et ceux avec
lesquelLEs nous construisons les résistances et les luttes au quotidien,
comme celles contre la loi travail et son monde. Mais aussi parce que
nous portons un programme global ancré dans les revendications de ces
luttes et les aspirations émancipatrices qui s’y expriment, qui ne
peut-être qu’un programme anticapitaliste révolutionnaire. Et nous
ferons tout pour que cette campagne se déroule sous la pression des
mobilisations sociales et politiques, contre tous les candidatEs dont le
programme est la guerre sur le plan international et national.
Nous
sommes candidats, non pas parce que nous aspirons à la plus haute
fonction, la plus antidémocratique, et pas non plus par ambition
personnelle ou de parti, mais parce que c’est une tribune. Même si cela
peut paraître paradoxal, puisque nous ne croyons pas aux solutions dans
ce cadre institutionnel, nous voulons nous inviter dans ces débats. Nous
ne voulons pas juste témoigner mais expliquer que nous sommes
candidatEs au pouvoir. Pas pour notre parti, mais pour une autre forme
de pouvoir qui en finisse avec celui d’une minorité de professionnels de
la politique au service d’une minorité de possédants. Un pouvoir qui
serait celui du monde du travail, de la population s’organisant pour
discuter, décider et mettre en œuvre les décisions prises en fonction
des besoins et dans le respect des ressources humaines et naturelles.
C’est
le défi que le NPA doit relever dans les mois qui viennent. Nous avons
les moyens de le faire car cette université d’été est aussi l’occasion
de mettre en commun nos préoccupations et nos expériences, notre
investissement dans toutes les mobilisations. C’est ce que nous
partageons, c’est le socle de notre projet de transformation
révolutionnaire.
Et pour finir, citons un militant révolutionnaire espagnol, Buenaventura Durruti, tombé sur le front contre le fascisme :
«
Il est possible que nous perdions notre prochaine bataille au sens
bourgeois du terme. Mais perdre une bataille ne doit jamais affecter un
révolutionnaire parce qu’il se doit de savoir que l’arme sur laquelle il
compte est toujours la lutte pour la cause en laquelle il croit. Pour
un révolutionnaire, l’action permanente est le moteur social de
l’histoire. C’est pourquoi le simple fait d’entamer un combat est déjà
une victoire. »
Extraits du discours de Philippe Poutou au meeting de l’université d’été mardi 23 août